L’histoire de petites graines, de dates et de sédiments dans la vallée de la Meuse des Ardennes Françaises
En 2012, Géoarchéon pour la Cellule Archéologie du Conseil Départemental des Ardennes, est intervenue dans la vallée de la Meuse à Autrecourt-et-Pourron.
Cette opération était dirigée par Olivier Brun actuel Chef du Service Culture du CD 08
France-bleu Champagne-Ardenne le 13/08/2017 et France-Info le 14/08/2017 ont interviewé Caroline Schaal à ce propos.
Lors de cette opération, Henri-Georges Naton, géoarchéologue de Géoarchéon, a pu faire un maximum d’observations sur des stratigraphies datant de la fin de la dernière glaciation à l’Actuel.
Ces stratigraphies ont permis de faire un maximum de prélèvements en prévision de nombreuses analyses pour voir l’évolution des paléoenvironnements.
En 2016, nous initions un travail de recherche novateur sur cette séquence et sur ces prélèvements.
Caroline Schaal est embauchée grâce au dispositif de la Convention Industrielle de Formation par la Recherche (CIFRE) de l’Association Nationale de la Recherche et de la Technologie (ANRT) pour sa faire sa Thèse dont le sujet est « Approche paléoécologique des paysages anciens au cours de l’Holocène. L’apport de la Carpologie ».
Cette thèse est faite au sein de l’école doctorale Langages, Espaces, Temps, Sociétés (LETS, ED n°38) de l’Université de Franche-Comté sous la direction d’Émilie Gauthier et en convention avec le Laboratoire Chrono-Environnement de l’UMR6249 de Besançon.
En bref, il s’agit de faire des études carpologiques sur des milieux naturels anciens, ce qui n’a encore été que très peu fait.
La carpologie, c’est quoi au juste ?
La carpologie, c’est l’étude des graines et des fruits conservés dans les sédiments.
Un premier résultat de ce travail a été la découverte de graines de Lin dans des sédiments datés du début de l’Holocène (-10000 ans).
La grande dimension des graines et leur bonne conservation faisaient craindre à une possible pollution ou une perturbation des sédiments.
Pourtant, Henri-Georges Naton et Olivier Brun avaient une grande confiance dans la séquence sédimentaire qui montrait une cohérence parfaite et des dates concordantes.
Par ailleurs, ils pensaient bien avoir tout fait sur le terrain pour éviter les pollutions accidentelles.
Seule solution pour savoir si les graines étaient intrusives dans le sédiment du début de l’Holocène (-10000 ans), les dater directement.
Deux résultats possibles :
– Les graines sont plus récentes et donc la pollution ou la perturbation est avérée.
Catastrophe ! Car toute la séquence sédimentaire est remise en cause ! Et donc une grande partie du corpus de la thèse !
– Les graines de Lin datent de la même époque et donc sont parfaitement à leur place et la cohérence de la séquence est renforcée.
Grâce à la Cellule Archéologie du Conseil Départemental des Ardennes qui a trouvé des financements pour la date en urgence. Et avec beaucoup d’angoisses en attendant les résultats.
Nous obtenons une date de 9790+-50 BP (Before Present, c’est-à-dire avant le présent). Donc une date bien du début de l’Holocène. Ouf de soulagement…
Cerise sur le gâteau, nous pointons la première occurrence de présence du Lin indigène (sauvage) dans cette région… Voire plus…